Quelle idée saugrenue! m’est venue en regardant la saison première de “The vow”, un documentaire de la chaîne HBO qui traite de l’intérieur, grâce à des témoins et participants, de la secte organisée par keith raniere. La principale folie que retiennent les amateurs de superficialité, c’est évidemment le marquage des femmes par brûlure aux initiales du gourou, dans la zone pelvienne antérieure.
Mais il est question de bien autre chose que ces faits divers, il est question de manipulation de masse, certains parlent de lavage de cerveau.
Cette dernière expression est un souci majeur car elle suggère une action nettoyante. C’est tout sauf cela: ce sont des cerveaux disponibles aux manipulations, bien propres justement.
L’action perverse d’un gourou ne tient qu’au contexte qui a créé ses proies et à celui qui l’a créé, lui-même.
Une sorte de symbiose se crée ensuite entre celui ou celle vu comme un maître à vivre, un maître à penser, et tous les autres disponibles pour cette folie.
Il en va de même que dans la “4e dimension” (titre en français de twilight zone), ou le paradoxal le dispute à l’invraisemblable.
Quelle que soit la vérité, les faits permettent toujours d’y trouver un inattendu.
La peur qu’engendre la vérité est si forte, intenable, totale, que l’on préfère bien vite s’en affranchir en déployant force d’énergie pour la réfuter, quitte à se mourir.
Comment penser que ses semblables puissent être voraces au point d’être stupides? Mieux vaut donc fantasmer une autre réalité, plus adéquate et plus facilement compréhensible, de celle qui emmène sans lutte et sans souci vers une fin regrettable mais sans saveur.
Dénerver, ce n’est pas supprimer les émotions comme on peut le faire par des moyens plus subtils et définitifs, c’est couper les liens de la sensation d’avec l’émotion. Cela empêche toute réaction.
A la lumière “del covida, hombre!” on voit comment les bergers, paniqués mais qui n’en montrent rien, sacrifient leur troupeau pour les erreurs qu’ils ont faites eux-mêmes.
On ne trouvera évidemment aucun membre du troupeau pour exprimer ce qu’il en pense – disons, très peu; pourtant c’est là le génie de La ferme des animaux d’Orwell de montrer que ces animaux, ce sont nous, les humains; qu’il soit question de religion (le lien dans la crédulité) ou de politique (tentative dévoyée d’organiser la cité) les animaux conservent une sorte d’inertie propre dont la peur fondamentale est le moteur.
“On en a eu assez de soigner le troupeau, il prospérait plus vite que ces petites maladies, et puis, nous bergers étions en bonne santé. On avait bien assez de viande et de laine et les pâtures ne manquaient pas (… encore).”
Alors quand est venue la grippe honnie et que les bergers ont vu les troupeaux fondrent, ils ont poussé les faibles vers la falaise, croyant se débarrasser de la peste. C’est tout le contraire qui se produisit.
Les MC (les moutons costauds) devinrent les maîtres de cérémonies. Ils avaient développé une grippe puissante qui ne les atteignait pas, au contraire de leurs infortunés et faibles camarades de troupeau. Les bergers étaient fiers de ces bêtes costaudes, “en voilà qui nous ressemblent” se disaient-ils.
Cette grippe qui n’atteignait pas les MC s’arrangea pour passer chez les bergers pour y faire un massacre.
“Plus de barrière! plus de bergers! nous sommes libres!” s’écriaient les moutons costauds.
Ils prospéraient et vivaient donc libres, sans se soucier des pâtures… qui vinrent à manquer sous la pression cannibale de leurs mandibules.