Irina Ionesco déclare à propos de son travail de photographe :
“La photographie est pour moi un élément essentiellement poétique, je l’envisage comme une écriture théâtrale, où je fixe dans un déroulement obsessionnel et incessant tous mes fantasmes. Chaque séance, mise en scène, est conçue comme une séquence théâtrale, intègre la femme dans un univers de rêve, où elle-même est mythique, multiple, inventée, et revêt tour à tour les facettes des mille miroirs dans lesquels l’artiste se plonge. Je ne conçois l’érotisme qu’à travers une dimension métaphysique. J’aime l’excès, l’onirisme, l’insolite. Aussi, je fais mienne cette phrase de Baudelaire : “Dans l’art, il n’y a que le bizarre qui soit beau”.
https://irina-ionesco.com/biographie/
Je viens de voir “my little princess” de Eva Ionesco, la fille d’Irina, qui raconte une partie de sa vie, la vie de la fille de la célèbre photographe.
Gratuitement, il va sans dire puisqu’Internet permet un accès quasi total à ce que les simplets du système appellent la “culture” (en fait l’art). Bon, la plupart des gens n’utilisent le réseau que pour s’envoyer des messages dans un style papier hygiénique, m’enfin, ça, je n’y peux rien.
Je reste dubitatif face à l’écrit d’Irina (également dispo sur le web) et au film de sa fille.
Il est évident qu’Irina a développé un talent artistique certain, mais il semblerait que ce soit aux dépends de sa fille, pour compenser ce qu’elle-même avait subi étant plus jeune.
C’est terrible.
L’époque l’a permis.
Eva dit de sa mère qu’elle est le fruit d’un inceste.
Il semblerait que l’écriture soit plus à même d’être tolérée que l’image. L’image fait peur. Elle semble la réalité alors qu’elle n’est, tout autant que la peinture, qu’un pâle reflet d’une symbolique et d’un indicible.
Mais l’image est d’un accès instantané, inévitable.
Je n’excuse pas, ce faisant, l’attitude d’Irina, mais je la comprends. Elle a pu, à sa façon, blessante pour sa fille, soit, mais à sa façon, créer à partir de traumas.
Évidemment, combattre ou sublimer un trauma en en créant un autre, qui plus est sur une personne fragile et vulnérable, en profitant de son état, n’est pas souhaitable.
Mais comme le disait Paul Claudel, la résilience (resiliency qu’il ne parvenait pas à traduire) a surtout été un trait des Américains.
“En 1936, le Français Paul Claudel, alors ambassadeur à Washington, pouvait écrire à propos de la crise financière de 1929 : « Il y a dans le tempérament américain une qualité que l’on traduit là-bas par le mot resiliency, pour lequel je ne trouve pas en français de correspondant exact, car il unit les idées d’élasticité, de ressort, de ressource et de bonne humeur. […] Et si quelques financiers se jetaient par la fenêtre, je ne puis m’empêcher de croire que c’était dans l’espérance fallacieuse de rebondir » (Claudel, 1965, p. 1205).”
https://journals.openedition.org/sociologies/6633 ( La résilience comme attitude face au malheur : succès et usages des ouvrages de Boris Cyrulnik, Nicolas Marquis)
Voir également – comme il n’y a pas de hasard! –
Sublimation et résilience : Paul et Camille Claudel
Silke Schauder
Dans Bulletin de psychologie 2010/6 (Numéro 510), pages 445 à 448
https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=BUPSY_510_0445
La seule chose qui vaille la peine dans toute l’humanité, ce sont les enfants et la liberté.
C’est facile à dire, mais voilà ce qui est dans la balance.
Et finalement Greta Thunberg est un très bon exemple, bien qu’utilisé par des adultes sans scrupules, de ce qu’est la conscience et la liberté.
https://www.telerama.fr/scenes/irina-ionesco-photographe-libre-mere-perverse,130438.php
https://next.liberation.fr/livres/2017/08/28/eva-ionesco-l-innocence-retrouvee_1592523
https://next.liberation.fr/culture/2010/07/22/eva-ionesco-tombee-des-nus_667609