Bon, je l’ai promis aux Berszerkers, je ne peux pas me défiler 🙂
Et vous allez tous en bénéficier, gratuitement, bande de rapias.
Ah? Parce que vous croyiez que l’émission “Palettes” sur Arte était faite de manière gratuite? Ah ah!
Aller. N’essayez pas d’être aussi con que vous l’êtes vraiment 🙂 [ la moitié de l’audience part]
Le sujet d’aujourd’hui est une photographie de l’artiste F. H. P. Lornet, intitulée “autoportrait au sortir de la douche”.
Il s’agit d’une photographie prise à travers un miroir, représentant partiellement le corps de l’auteur ainsi que son appareil photographique.
Oui, l’appareil génital (le pénis) est également au centre de toute l’attention qu’aura le regardeur. 🙂
La prise de vue n’étant pas satisfaisante, un recadrage droit et gauche a été effectué. C’est le seul recadrage. Il n’y a pas eu de rotation afin de rétablir d’éventuels défauts de parallaxe.
On notera donc que les lignes horizontales qui passent par l’appareil photographique et le bas du t-shirt sont telles quelles sur le négatif original, et parfaitement horizontales, soulignant ainsi la maîtrise de l’artiste quant à la prise de vue manuelle.
De même pour les lignes verticales de la sangle de l’appareil.
Ces lignes forment un quadrillage et quelques diagonales et sont une obturation au regard qui se porte naturellement sur l’objet central et l’arrière plan formant un fond. C’est inévitable, le regard évite le blanc inconsciemment quadrillé du t-shirt.
Le regard est porté vers les lignes naturelles du corps plutôt que vers des lignes géométriques.
Le corps de l’artiste, au premier plan, est le sujet principal de la photo. Le cliché coupe juste sous la poitrine et sous les genoux.
Le sujet est vêtu d’un t-shirt blanc Hanes et est équipé d’un Fuji X100 édition limitée.
Le bas du corps de l’artiste est nu et son pénis est décalotté, laissant apparaître le gland.
En arrière-plan, se trouvent une chaise et un bureau sur un sol de planches rustiques en bois. Ces éléments font évidemment penser à la “chambre de Vincent” peinte par Van Gogh. Un tissu semble être posé sur le petit bureau derrière le sujet (en fait il s’agit d’un sac EastPack).
La photo a été prise (arrêtez de voir dans les mots des tas de choses, SVP 🙂 ) face à la glace centrale d’un armoire à double portes. Le recadrage a donc été fait de manière à ce que l’on ne voit pas ce qu’il y avait dans l’armoire, les portes étant ouvertes au moment de la prise de vue.
Le bois qui fait cadre autour de la glace verticale fait également cadre pour le cliché lui-même. On note que ce cadre n’est pas parallèle mais plutôt en forme de V, ce qui vient contredire le V inversé du mouvement des jambes, et bien sûr, ramène le regard au croisement de ces V, comme pour le lover (ce regard).
On note que les lignes diagonales des jambes légèrement écartées focalisent le regard sur le pénis, tel le mouvement de fuite d’une pyramide, lui-même parfaitement (bien que fortuitement, mais c’est là qu’on reconnaît un grand artiste) aligné au centre des deux lignes verticales que forment les pieds de la chaise et du bureau, eux-mêmes se prolongeant parfaitement dans les droites du plancher.
La partie gauche du miroir étant dégradée, le tain n’étant plus de la première jeunesse, un effet de profondeur de champs factice s’exerce sans que la mise au point ait quoi que ce soit avoir avec. C’est une technique très chafouine de l’artiste qui sait profiter des défauts du monde pour parvenir à un cliché parfait.
Un traitement colorimétrique et de tirage a été appliqué au négatif et donne à la photographie un effet de noir et blanc vieilli mâtiné de colorisation légère.
Passons maintenant à l’analyse du dessein de ce cliché.
L’article l’accompagnant est une réponse à Déborah de Robertis, artiste performeuse avec laquelle l’artiste a travaillé un moment.
Une dispute artistique et philosophique a éclaté en raison de l’attitude dominatrice et irrespectueuse de Roberta envers F.H.P. Cela a directement induit le cliché, en réponse à la mostre de ce que Déborah appelle elle-même “sa chatte”.
Le texte délivre les éléments présentés par F.H.P. afin d’expliciter la situation qui a amené à cette prise de vue politique et philosophique.
En effet, alors que F.H.P. était admiratif du travail de Déborah, mais qu’il lui faisait remarquer que le respect et l’amour de l’autre (ainsi que de soi-même) était l’essentiel de l’art et de la vie en général, elle a rétorqué (dans des écrits non publiés par respect pour leurs auteurs) en gros: “va te faire foutre!” en focalisant sur la relation financière de peccadilles prise pour prétexte. 🙂
Si vous savez lire, le reste est dans le texte artistique lié au cliché.
On ne s’attardera donc pas là-dessus.
Addendum: Il faut la lire et le voir pour le croire, mais Roberta s’arroge le droit de s’approprier des œuvres qu’elle n’a jamais créées par le simple fait de les souiller, par exemple avec son sang menstruel, comme elle l’a fait avec les photos de Bettina Rheims (voir ici: https://twitter.com/D_derobertis/status/1003320542462709761 ).
Bien sûr le propos est plaisant, mais la geste artistique n’est pas suffisante. Une pensée philosophique idoine est également indispensable.
On pourrait ajouter, très cher, et je le fais volontiers à votre place, que c’est l’exact pendant de “L’origine du monde” de Courbet, par le simple fait que ni les pieds, ni la tête ne sont montrés.
Les pieds sont sur terre et la tête sur les épaules 😉
Comprenne qui pourra, bien sûr.