Le nœud pervers est à considérer parmi des individus adultes, bien qu’il trouve évidemment de précoces racines dans la période de la puberté.
La folie perverse, comme la définit Racamier, est l’état le plus maximal de la perversion narcissique qui ne s’applique dès lors plus à une cellule familiale ou de petite taille, mais à une échelle nationale ou supra-nationale. La puissance acquise par le pervers, qui se trouve ainsi à la tête de corps armés, et qui détient également la puissance administrative et donc de coercition sur les populations, est telle que la fuite vers la mort et le thanatos est inéluctable. Au mieux, dit Racamier, un échec politique cuisant (ou un deuil puissant, ajouterai-je) peut amener le fou pervers à la dépression et au suicide ( http://www.lornet-design.net/la-folie-narcissique-racamier/ ).
La perception par les populations de la folie narcissique diffère en raison de leur éducation et de leur instruction, mais peut se résumer à deux réactions notables: la colère et la violence, provoquées par les provocations et humiliations répétées du pervers (parfois jusqu’aux agirs mortels) ou la perversion sexuelle, dans le cas d’un bénéfice (une participation à la toute-puissance du pervers, une sorte d’appartenance à son ‘groupe’) et d’une personnalité plutôt névrotique.
Dans le premier cas, la réaction est négative, elle coûte (comme tout commerce avec un pervers d’ailleurs) à celui sous son emprise car personne n’aime conserver un sentiment de colère et une envie de violence trop longtemps. Or, les agirs du pervers sont incessants: la nature de sa folie demande qu’il aille chercher toujours plus loin, de façon plus humiliante voire débilitante, dans les recoins des âmes qu’il ne peut comprendre.
La colère ne semble pouvoir s’apaiser qu’avec la disparition du pervers, des agissements qu’il commettait et du champ de ses manipulations.
La réaction névrotique perverse sexuelle qui pourrait sembler plus positive, au moins à en juger par son acceptation sociale plus répandue, est cependant surtout une réaction perverse par nature. L’excitation produite par la domination du pervers engage ses acolytes ou collaborateurs ainsi que ses victimes-complices (voir Eiguer) à s’essayer à ce qui leur vient à l’esprit: l’utilisation du corps sexuel comme échappatoire inconsciente.
Il n’y a pas de mouvement de perversion narcissique qui irait d’un adulte pervers moral à un autre qui le deviendrait également. Racamier (voir ouvrage cité dans le lien supra) établit sans aucun doute la genèse de la perversion narcissique dans la période qualifiée d’antœdipe. On peut donc facilement faire coïncider la nature perverse choisie par un jeune enfant avec sa première décennie de vie, voire sa petite enfance.
Un pervers trouvera des collaborateurs eux aussi pervers ou compatibles, dont il profitera des failles existantes, mais il ne transformera pas la nature psychique des autres. Il la pervertira selon ses besoins et le terrain qu’il trouvera chez eux.
Dans le cas d’un chef d’état, le problème social que pose l’établissement d’un tel noyau pervers au sein d’un gouvernement réduit considérablement les moyens d’action pour réduire au maximum la capacité de nuisances d’un tel individu. La solution saine et évidente, l’évitement, la fuite, l’ostracisation (encore qu’il pourrait tirer jouissance d’un tel épisode) est impossible puisque la vie sociale est régie par la vie politique et les décisions, prises par le pouvoir… qui est au pouvoir.
Il y a également à déplorer la lenteur, l’inertie de la vie politique à l’heure d’une propagande totale et constante: la société thermo-nucléaire électrique du XXIe siècle nous permet d’être en contact avec le monde entier, en direct et à tous endroits. Il n’est que plus aisé pour ceux qui détiennent les canaux d’informations (aujourd’hui les grand groupes capitalistes néo-libéraux et les milliardaires) d’instiller dans les esprits connectés une sorte de virus mental en les occupant à autre chose qu’à la pensée critique.
Les populations étant plutôt saines concernant leur vie privée et intime autant que sexuelle, en majorité, la réaction perverse sexuelle est évacuée et il reste la réaction violente dont la seule issue semble la disparition de l’origine du mal, le pervers et son noyau constitué.