Depuis trois à quatre années, l’été n’est que sécheresse et canicules pendant les six mois de beau temps.
Mais cette année, depuis mai, il pleut énormément.
La situation climatique, plus que météorologique, est devenue étrange et effrayante. Et l’humanité sait qu’il n’y a rien à faire contre ce changement mortel. Les ultra riches pensent qu’ils pourront se confiner du reste du monde en s’appropriant des terres supposément à l’abri, au nord, mais ils ne savent pas plus que d’autres ce qu’il adviendra. Certains croient en l’espace et jouent comme des enfants avec des fusées, comme s’il était possible de vivre sans air ni protection contre les rayons cosmiques.
Une épidémie à coronavirus s’est déclenchée en Chine en 2019. Peu importe qu’elle ait été créée par l’homme, même par erreur ou par orgueil, ou qu’elle soit le résultat plus global de l’action humaine sur la planète ayant engendré une sorte de réponse naturelle.
Les déplacements de populations étant planétaires, l’épidémie s’est très vite propagée et les dominants de la plupart des pays du monde se sont comme mis d’accord sur le profit qu’ils pouvaient en tirer, par l’asservissement des populations comme on l’a fait avec les bêtes.
Les peuples d’hier sont devenus le cheptel d’aujourd’hui : la liberté est un mot qui n’a plus de sens ; l’intimité n’existe plus.
La raison, surtout, semble avoir déserté le champs de la conscience humaine.
Avec des petits rien, inoffensifs d’abord ; de la politique de plateau tévé, de faux grands hommes pourtant présentés comme tels, une fascination pour la loterie et l’argent en masse.
De raison d’être il n’y a plus car l’art a été banni.
Une épidémie si pratique pour éradiquer non la souffrance, non la maladie et encore moins le vivant, symbolisé par ce virus, mais l’essence caractéristique de l’humanité : la futilité de son existence même.
Même la constitution d’un gouvernement mondial des oligarques est impossible à réaliser tant son existence est tributaire de la survie de tous les autres, tout ceux qu’ils aimeraient supprimer.
Ce n’est pas tant les fastes dénoncés depuis des millénaires, depuis le fameux veau d’or en passant par les lois funéraires, mais leur désormais irréversibilité, tant le pouvoir octroyé à quelques-uns est aujourd’hui destructeur.
Jamais l’Homme n’avait eu la possibilité matérielle de détruire son environnement, mais c’est maintenant possible, simplement, depuis moins d’un siècle. L’arme nucléaire, militaire ou civile, permet de ruiner la vie soit par la mort, soit par l’impossibilité de vivre.
Il me faut comprendre, même avec surprise, que la marche « normale » de l’humanité, celle que la majorité des deux tiers entend instinctivement, est la soumission à une autorité, un chef, une imago nécessaire dont il est trop tôt encore pour s’en défaire.
C’est un peu comme si, arrivé au jour de sa mort, chacun regrette de n’avoir pas plus de temps. L’humanité entière est ainsi, mortelle et insouciante.