Ce qu’on appelle en anglais “appropriation art” est le fait, pour un artiste, de reprendre le travail, la création d’un autre, en le modifiant peu ou pas. ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Appropriation_%28art%29 et http://www.artlex.com/ArtLex/a/appropriation.html )
Tout récemment, ce drôle de concept artistique est revenu sur le devant de la scène avec le scandale créé par Richard Prince à propos de photos qu’il a tout simplement volées sur Internet, aggrandies, puis vendues 90 000 dollars pièce après avoir ajouté un texte en dessous, sous forme de commentaire typique des plateformes existantes sur le web. ( http://fr.artmediaagency.com/115443/des-photos-instagram-volees-vendues-90-000-sur-frieze-new-york/ )
L’une de ces photos: https://instagram.com/p/2ygLRoR2hV/?taken-by=doedeere
L’original: https://instagram.com/p/3Bz1q2R2oI/?taken-by=doedeere
Certains fâcheux se contenteront de dire que ce type de geste artistique (si l’on ose dire) ne date pas d’hier: Marcel Duchamps ou encore Warhol auraient eux aussi usé du procédé ( https://en.wikipedia.org/wiki/Appropriation_%28art%29 ).
Il y a toutefois une différence notable: ils se sont servis de produits industriels, commerciaux, publicitaires, dont la valeur artistique, bien qu’existante a priori (tout objet a été sinon créé, au moins dessiné), n’est pas leur essence.
Débats sur la propriété intellectuelle il y a eu, et il y aura encore.
Non que ce ne soit pas intéressant. On lira avec attention quelques articles:
http://www.law.harvard.edu/faculty/martin/art_law/image_rights.htm
http://www.artinamericamagazine.com/news-features/news/landmark-copyright-lawsuit-cariou-v-prince-is-settled/
Et je m’arrête là à ce sujet, car mon propos n’en finirait pas, et je serais bien incapable de trancher dans l’infini de la connerie :).
Ce qui m’afflige dans la gestuelle artistique de Richard Prince, c’est le prix de recel. Car c’est bien là où je veux en venir: l’art contemporain et son image, dans une grande majorité, sont pollués par la connivence de la médiacratie ploutophile.
Doit-on en douter encore? ( http://fr.artmediaagency.com/108548/des-personnalites-du-monde-de-lart-impliquees-dans-le-scandale-hsbc/ )
Cela rappelle hélas les procès d’hommes puissants et/ou riches, en général impliqués politiquement, tout aussi véreux, qui n’aboutissent jamais lorsqu’ils sont (chance!) lancés aux frais de ceux qui n’auront jamais les moyens de vivre leurs petites frasques crasses et illusoires.
Quelle est donc la sensibilité de ces gens-là, sinon l’attrait de la possession? Que signifie donc le mot “appropriation”, sinon qu’il est entièrement voué à la vaine tentative de la propriété?
Quelle âme, quel homme révèle le procédé?
Oh, rien de neuf sous le soleil, comme on dit. L’éternelle volonté de domination de l’Autre, et l’absence probablement totale d’empathie.
Cela pourrait être risible s’il ne fallait ajouter à ces travers la foutue incapacité de ceux-là qui s’appellent et sont reconnus comme artistes, à créer pour l’Inutile. Car l’Art n’est rien d’autre qu’une autre Vanité.
Mais cette vanité-là, elle procure, elle partage, elle se moque bien d’elle-même; elle a d’autant plus de valeur qu’elle semble avoir disparu…
C’est donc bien un glissement vers l’atrocité de l’Humanité qui s’opère dans le monde de l’art contemporain: l’unique dieu c’est le pognon. Ces “galeries”, ces “artistes”, ces “œuvres”, ces “mécènes” ne sont rien d’autre qu’une suite de chiffres, dont l’intérêt est nul, totalement.
L’équilibre chancelle, retournons donc à nos moutons.
PS: Richard (quel nom!) regarde un peu ce qu’est une des vraies sortes de “appropriation art”, ici dans le domaine de la vidéo ( https://www.youtube.com/watch?v=R8n0EDaEgn4 ). Note bien également qu’il y a une véritable cause, quoi qu’on puisse en penser: http://www.straycatalliance.org/who-is-sca/mission
Adieu les faux artistes, adieu les égoïstes pourris, adieu les idiots, adieu les hommes médiocres et sans âme. Il n’y a que vous, faux enthousiastes impuissants, pour vous essayer à tuer en voulant dénoncer le meurtre, et pour appeler cela:”art”.