Un peu de lecture politique avec Juan Branco.
“Ce que ce texte entend démontrer, c’est que ce sont ceux qui réclament le départ du Président, et non ceux qui le défendent au nom des institutions, qui se sont mus en les défenseurs de notre République et la démocratie” (sic, mais OSEF, c’est le brouillon)
Passage choisi:
“Il faut mesurer l’assurance, la certitude d’être unique et particulier qu’offre la réussite en un système aveuglé à sa violence et son injustice, l’ayant mise à ce point sous le boisseau qu’il nourrit l’une des sociétés les plus rigides et figées sans que personne ne songe, autrement qu’intuitivement à la contester. La capacité de ces lieux de conformation à vous faire croire en votre propre qualité pour peu que vous adhériez à ses dogmes est telle qu’il devient difficile, lorsque l’on n’est jamais confronté à d’autres milieux – et tout est organisé à cette fin – de ne pas croire à ces fables, et de ne pas considérer comme siens des succès d’un système qui n’aura fait que vous porter.
L’idéologie républicaine se révèle en cela néfaste, faisant croire, par la supposée universalité objectivante du baccalauréat et de ses concours, qu’il y aurait en la réussite gloire individuelle là où le système se contente de faire de vous un soldat à son service, victoire sur l’ensemble de la société là où seule une concurrence entre gens bien nés a été organisée. Les statistiques les plus féroces démontrant à quel point l’éducation nationale est devenue une machine à triturer ne suffiront jamais à convaincre ceux qui auront été sacrés par le système, et a fortiori les rares qui, provenant des milieux des plus modestes, seront mis en avant pour démontrer « qu’il est possible de s’en tirer », devenant parfois par ignorance et avec une ferveur redoublée les défenseurs d’un système qui écrase les leurs, mais qui leur aura permis de se distinguer et de mettre à distance la misère qui les cernait – en sacrifiant pour cela tout ce qui constituait leur identité.
Loin des angoisses ou préventions que l’accumulation de privilèges fait naître parfois chez les êtres les mieux occupés, Gabriel Attal a pu se reposer sur ce capital initial pour devenir le soldat inconditionnel d’un ordre pourtant pétri d’injustices et de violences, se faisant le chantre de ce système qui l’a couronné. Sa nomination, auprès d’un ministre de l’Education dont les politiques rances visent à renforcer encore plus les inégalités produites par notre éducation nationale, après avoir défendu une réforme d’une violence insigne pour une grande partie de la jeunesse de la population, n’est le fruit d’aucun hasard – et il faudrait être bien naïf pour protester du fait que cet individu n’ayant jamais connu ni l’université ni l’école publique ait aujourd’hui à les réguler.”
C’est véritablement jouissif, n’est-il pas?
” (…) Voilà donc que l’on a découvert en passant que la désintéressée et généreuse Brigitte Macron, admirée par tous les Français depuis que la trafiquante de drogue Mimi Marchand est devenue sa meilleure amie et a été par deux oligarques chargée d’en faire une première dame idéale, Brigitte Macron donc, égérie du bien commun, enseignait non pas en un lycée public, non pas en un lycée difficile, non pas en un lieu où son engagement serait à valoriser, mais dans l’un des lycées les plus cossus de Paris, choisi volontairement et où elle profitait de son poste pour se lier avec la principale fortune de France et la présenter à son ambitieux mari – que l’on disait alors désargenté et éploré – pour s’assurer que ce dernier se verrait mettre le pied à l’étrier et s’en trouverait aisément propulsé.
Là, l’on commence véritablement à avoir le tournis. Le jeune homme au regard tranchant, blanche colombe prête à se sacrifier pour la France, venue du rien pour prendre le tout, présenté au peuple qui l’aurait immédiatement adoubé, avait en fait, avant même d’être ministre ou secrétaire général adjoint de l’Elysée, comme soutien et ami non seulement l’oligarque Xavier Niel, mais aussi la première puissance financière de France, en plus de la banque Rothschild et de ses réseaux, qu’il obtiendrait en trahissant l’inspection générale des finances – elle-même richement dotée en réseaux tant les trahisons du corps ont fini par en faire une passoire et une source de compromissions récurrentes pour l’État plutôt qu’un organe de contrôle de ce dernier –, en plus de la bourgeoisie amiénoise, en plus de ceux de Jean-Pierre Jouyet que l’on s’apprête à exposer, et ce alors même qu’il n’était organiquement, publiquement « rien ». Et l’on rappelle que la presse détenue par ces individus le présenterait, des années plus tard, par hasard et en toute indépendance journalistique, comme venant du néant, pur produit du génie et du mérite, surdoué doté de qualités et d’une aura mystique capable d’ensorceler la plèbe par sa seule intelligence et son talent. Et qu’aucun journaliste, jusqu’à aujourd’hui, ne dénoncerait sérieusement l’opération de communication qui leur avait été imposée.
L’imposture qui aux Français avait été imposée.
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Cet homme pourtant déjà millionnaire, devenu millionnaire avant trente ans grâce à la vente des réseaux que lui avait offert la République à une banque privée, nous serait au contraire présenté comme le parangon de la démocratie libérale, de notre méritocratie républicaine, d’un système nettoyé.
Difficile de ne pas en tirer l’interrogation suivante, tant les faits deviennent accablants : cet homme dont tout le parcours exhale le service du soi n’aurait-il en fait été qu’un pantin au service de ceux dont il a appliqué, à la lettre, le programme, utilisant ses titres et qualités inventées– on le prétendrait même, faute de talents sur lesquels s’appuyer, philosophe reconnuet pianiste de renom ! – pour recouvrir cette opération bien huilée ? (…) ”
Quelle lecture!
Mais… On ne va pas en taule pour ça?
” Miracle cependant. Une certaine Alexandra R. devenue de M. réussit à rattraper son retard en premier cycle et son échec à Henri IV et intègre SciencesPo avec un an de décalage, lui permettant de renouer avec un fil qui menaçait de s’effacer. Devant obtenir une expérience professionnelle avant sa diplomation, Gabriel Attal décroche un stage auprès de… Marisol Touraine. Nous sommes en janvier 2012, en pleine campagne présidentielle, et celle-ci est chargée du pôle affaires sociales, qui doit revenir à Martine Aubry une fois le gouvernement formé. Ce qui ne devait être qu’un pis-aller se transforme par le plus grand des hasards en une piste de lancement sans commune mesure. A la faveur d’une carambole et suite au refus de Martine Aubry d’occuper son ministère, le poste est proposé à celle dont la prestigieuse parentèle – Alain Touraine occupant une position écrasante au sein de la seconde gauche – et un genre qui, en un environnement extrêmement misogyne et chargée depuis des années de ce sujet, ne s’y attendait plus.
En un gouvernement sans ambitions ni idées, portée par une campagne qui n’a servi qu’à consacrer les plus insignifiants, voilà celle que l’on promettait au mieux à un secrétariat d’Etat, propulsée nouvelle ministre des affaires sociales et de la santé, poids lourd dotée de moyens extraordinaires pour appliquer une politique de gauche tant attendue, et nécessitant pour cela la constitution d’un entourage qui, à défaut de compétents ou d’engagés, saura la protéger. Gabriel, qui à ce sujet n’y connaît d’évidence rien, n’a pas encore exercé de fonctions professionnelles, ne dispose d’aucune spécialité universitaire et qui vient d’apprendre qu’il devra redoubler sa dernière année à SciencesPo, se voit proposer d’intégrer le cabinet du plus important ministère du gouvernement, au poste de conseiller à titre plein.
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Lointaines paraissent alors les années lors desquelles le jeune garçon parsemait les réseaux sociaux de messages outranciers et insultants, fleuretant bon l’extrême-droite et la misogynie la plus crasse, incendiant la majorité socialiste à Paris et ses dirigeants. Gabriel Attal, 23 ans, est, par effets de proximités successives, soudain doté d’un salaire qui le propulse parmi les 5% les plus favorisés du pays, doté de deux secrétaires, d’un chef gastronomique, de voitures de fonction, et peut même se permettre de passer un arrangement avec la direction de SciencesPo pour obtenir sa diplomation. L’affaire, théoriquement exceptionnelle, lui permet d’obtenir son master l’année suivante sans avoir redoublé, grâce notamment à une validation d’acquis. Discret mais habituel, ce genre d’accords permet à l’institution de couver ceux qui auront le surlendemain à en avoir la tutelle, et ainsi d’en prolonger la domination.
Consacré par la République et un Parti socialiste faisant office d’intermédiaire dont on perçoit pourtant déjà bien, par ces biais, la décomposition, Attal est prêt à embrasser son destin. ”
La taule ou 20 ans en 3/8, tiens.
Dans quel état vais-je me réveiller …
“(…)L’arrogance se saisit alors d’un être qui n’en manquait pas. Répétons-le, tant cela pourrait sembler absurde, pour comprendre ce qui en son esprit a pu s’imposer : à 23 ans, sans expérience professionnelle préalable ni quelconque diplôme à revendiquer, sans compétence ni spécialité revendiquée, Gabriel Attal qui n’est plus de Couriss accède à l’un des plus prestigieux et importants postes de la République, et obtient de ce fait une rémunération qui va rapidement atteindre six mille euros par mois primes inclues, en sus des avantages que tout régime octroie habituellement à ses plus illustres serviteurs. En charge du poste le moins substantiel des cabinets, les relations avec le parlement, il y est censé organiser la garde prétorienne de la nouvelle ministre, et, en un excès de vanité, recrute immédiatement l’un de ses camarades de promotion, un certain Quentin Lafay, comme chargé de mission. Doté d’un pouvoir d’autorité sur l’une des plus importantes administrations de France, dirigeant assistants, stagiaires et chargés de mission, se socialisant auprès de la fine fleur de la République, l’homme sans expérience va se mettre sous l’autorité d’un certain Benjamin Griveaux, élu du conseil général de Saône et Loire et futur-ex-maire de Chalon, « proche ami » d’un certain Bernard Mourad, et ancien strauss-khanien. L’ancien camarade d’Ismaël Emelien est un apparatchik socialiste pur jus qui, recruté comme conseiller politique et gagnant déjà, sur fonds d’État, plus de 10 000 euros par mois, n’hésitera pas à partir en 2014 au sein d’Unibail Rodinco, rémunérateur pantouflage à près de 17 000 euros par mois, octroyés par l’une de ces entreprises dépendantes de la commande de l’État qui finance grassement des « pantouflards » contre la mise à disposition des réseaux et connaissances que l’État leur a offert pour servir le bien commun. Recruté afin de s’assurer qu’une niche fiscale ne serait pas supprimée, après un parcours très classique l’ayant amené de la grande demeure avec piscine et voitures de sport qu’il habitait rue Garibaldi à Chalon-Sur-Saône à HEC en passant par l’internat privé et SciencesPo, il reviendra ensuite « aux affaires » comme porte-parole du gouvernement après avoir été nommé par Emmanuel Macron, et prétendra à ce poste défendre l’intérêt général après en avoir exploité le garant. “