Je ne sais plus chez qui j’ai lu, d’Eiguer ou de Caillot, peut-être de Racamier ou d’autres encore , que l’incestué, et l’incestuelisé plus encore, ont un “sentiment d’être différents des autres”.
Il me semble que ce n’est pas là un “sentiment de”. C’est hélas une lésion psychique, certes quelque peu réparable, mais indélébile. C’est justement là que s’établit le tabou fondamental du bipède parlant, et de ce fait symbolisant sinon sublimant ce qu’il prend pour réalité, mouvements, actions (en gros le “quelque chose” plutôt que le “rien”).
Bilhéran parle de “témoins”, un stade que je place après ceux de victimes/survivants qui viennent simultanément comme le font l’antœdipe et l’œdipe dans la vie du petit d’homme.
Il y a une différence fondamentale entre celles et ceux qui ont une “ouverture” sur le trauma qu’ils peuvent intellectualiser pour l’approfondir, et en général font profession de thérapeutes, et ceux qui le vivent dans le temps, la durée, la chair, l’âme.
Ces vies ne sont pas comparables.